L’Homme qui rit – Victor Hugo

Le livre :l-homme-qui-rit

Titre : L’homme qui rit

Auteur : Victor Hugo

Éditions : Librairie internationale Albert Lacroix (Édition lue : Le Livre de Poche)

Genre : Roman historique

Année de publication : 1869


Le résumé :

A la fin du XVIIème siècle, un jeune lord est enlevé sur ordre du roi et atrocement défiguré, la bouche fendue jusqu’aux oreilles. Abandonné une nuit d’hiver, il parvient à rejoindre la cahute d’un philosophe ambulant, et devient saltimbanque. Quinze ans plus tard, rétabli dans ses droits, il est pair d’Angleterre. Mais sa mutilation ne s’effacera pas, et celui qui serait voulu prophète à la Chambre des Lords restera condamné à n’être qu’un bouffon.


Nous en avons pensé …

                Le talent de Victor Hugo, grand écrivain du XIXème siècle, figure importante du romantisme régnant parmi les plus belles plumes de la langue française, n’est plus à prouver ni même à présenter. Pourtant, avec L’homme qui rit, cet auteur de renom parvient encore à surprendre.

                L’intrigue en elle-même n’est pas des plus compliquées mais mérite tout de même toute notre attention : l’histoire d’un jeune saltimbanque défiguré qui intègre soudainement le monde de la noblesse nous promet une histoire riche en rebondissements et en moments forts. Parmi eux, le portrait de Gwynplaine, le récit du numéro de Gwynplaine et Déa, le discours de Gwynplaine à la Chambre des Lords ou encore le dénouement de l’intrigue comptent parmi les moments les plus émouvants du roman. Le parcours narratif suivi par l’auteur est au début un peu difficile à saisir. En effet, ce dernier présente successivement les différents personnages, ce qui peut nous faire perdre de vue le fil de l’intrigue. Cependant les différents morceaux du puzzle se rejoignent rapidement pour un résultat digne de notre attente. Ce choix narratif permet en outre de créer des effets de suspense dignes des thrillers actuels et des éléments d’intrigue totalement inattendus.

                Lorsqu’on parle de Victor Hugo, on ne peut pas manquer de parler de la qualité de la plume. Dans L’homme qui rit, l’auteur nous offre un véritable moment de poésie. Le récit est entrecoupé de longues digressions typiquement hugoliennes dont le but est de décrire l’environnement des personnages. La précision et la qualité de la plume étant ce qu’elles sont, ces digressions nous font véritablement entrer dans le monde des personnages en plus de créer d’intéressants effets de suspense. Les moments forts de l’intrigue évoqués plus hauts sont en outre l’occasion pour l’auteur de laisser libre cours à son talent de poète et de devenir un véritable virtuose de la langue. Le portrait de Gwynplaine est un moment remarquable : les procédés stylistiques permettent d’emblée au lecteur de saisir l’importance de ce personnage, de sa situation, et de l’enjeu qu’il représente pour l’engagement de l’auteur. De même, le discours de Gwynplaine à la Chambre des Lords, le climax du roman, est un autre grand moment de poésie où l’auteur laisse libre cours à sa plume talentueuse pour servir à la fois le message du roman et son engagement.

                Le roman met en scène bien plus que des héros de roman : des personnages allégoriques porteurs de vérité. Le personnage éponyme est campé par un personnage hugolien typique : le difforme. Gwynplaine devient ainsi un messager, la voix de l’auteur pour dénoncer la condition misérable des plus humbles et la cruauté du monde. Très emblématique, le couple constitué par Déa et Gwynplaine devient un personnage que l’on suit avec intérêt, tant pour leur aspect touchant – ils incarnent l’image de l’amour idéal à tous points de vue – que pour le message qu’ils transmettent au lecteur – ils constituent à eux seuls l’aspect le plus important de la dénonciation de la monstruosité et de la cruauté. Les autres personnages ont bien entendu leur propre rôle à jouer dans ce que le roman se pose comme enjeu.

                En tant que roman philosophique, e dernier propose une réflexion très intéressante sur plusieurs sujets politiques, sociaux et moraux. Parmi les thèmes abordés, la question de l’homme et du monstre semble être au centre de tout : l’homme est-il un monstre et le monstre un homme ? La réponse à cette question nous est apportée par le personnage de Gwynplaine lors de son discours à la Chambre des Lords qui, opérant un renversement des rôles, nous révèle une vérité hugolienne fondamentale : le monstre devient humain et les humains monstrueux.

                En conclusion, il s’agit d’un roman passionnant relatant une incroyable histoire d’ascension et de chute où le personnage principal est confronté à la tragédie de son destin – il est condamné à rester emprisonné dans sa condition de bouffon – et à la cruauté du monde, à laquelle l’auteur nous propose de réfléchir. Mais malgré ses grandes ambitions, ce roman reste un très bon roman de divertissement dont la lecture est capable de nous procurer tout le plaisir qu’on est en droit d’attendre de la lecture d’un roman.

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