Cannibales – Régis Jauffret

A la rencontre du livre …

Titre : Cannibalescannibales

Auteur : Régis Jauffret

Edition : Seuil

Genre : Roman épistolaire

Année de publication : 2016


L’histoire …

Noémie est une artiste peintre de vingt-quatre ans. Elle vient de rompre avec Geoffrey, un architecte de près de trente ans son aîné avec qui elle a eu une liaison de quelques mois. Le roman débute par un courrier d’elle adressé à la mère de cet homme pour la prier de l’excuser d’avoir rompu. Un courrier postal plutôt qu’un courrier numérique qu’elle craindrait de voir piraté. Une correspondance se développe entre les deux femmes qui finissent par nouer des liens diaboliques et projeter de dévorer Geoffrey.

Les deux femmes sont des amoureuses passionnées. La vieille dame a donné à son fils le prénom du seul homme qu’elle ait jamais aimé, mort accidentellement avant son mariage. Noémie est une « collectionneuse d’histoires d’amour », toujours à la recherche de l’idéal tandis que Geoffrey s’efforce sans succès d’oublier cette amante qu’il a adorée.

Un sauvage roman d’amour.


A table !

                Régis Jauffret est connu pour ses histoires débordantes de folie et de cruauté. Pour la rentrée littéraire 2016, il revient avec Cannibales, un roman épistolaire délicieusement choquant.

                Le résumé est certes terriblement déconcertant : on se demande bien ce qu’un livre d’apparence si monstrueux peut avoir d’intéressant. Mais très vite, on doit se rendre à l’évidence : avec sa prose fluide et poétique et son humour noir absolument exquis, on se régale à lire ce roman. Il renoue savamment avec les codes du genre épistolaire du XVIIe siècle, tout en lui apportant modernité et originalité, pour notre plus grand plaisir.

                Cannibales, c’est donc l’histoire de Jeanne, Noémie et Geoffrey, que l’on découvre au fil des lettres que s’échangent les deux femmes. La forme épistolaire est en ce sens un choix très judicieux : on ne sait que ce que les personnages se disent dans leurs lettres, le reste n’est que mystère. Une tension palpable, voilà ce qui nous attend dans ce roman à trois voix, théâtre de complots et de soupçons tandis qu’un piège se tisse lentement … Avec son rythme effréné, impossible d’y résister !

                Tout ceci met l’eau à la bouche, mais ce n’est qu’avec les perosnnages qu’on découvre la vraie force du roman. Tous sans exception semblent fous : le lecteur ne sait plus où donner de la tête entre toutes les questions qu’il se pose. Pourquoi tant de monstruosité chez ces femmes ? Pourquoi personne ne s’en étonne vraiment ? Et si tout n’était qu’un délire ?

                Puis, le lecteur se demande si ce n’est pas lui-même qui est fou : Jeanne et Noémie, meilleures amies ou pires ennemies, s’envoient des lettres qui se contredisent. De ce fait, on ne sait plus quelle version  de ce qui nous est raconté est vraie, ou même si la réalité nous est seulement racontée quelque part. Cette question nous obsède en permanence, et même bien après avoir refermé le livre.

                Cannibales, roman du malaise signé Régis Jauffret, est une agréable découverte. Entre rythme haletant, humour noir et folie omniprésente, la lecture de cette surprenante correspondance est des plus savoureuses. A déguster sans attendre !

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