À la rencontre du livre…
Titre : Madame Pylinska et le secret de Chopin
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Éditions : Albin Michel
Genre : Roman
Publication : mars 2018
L’histoire…
« – Madame Pylinska, quel est le secret de Chopin ?
– Il y a des secrets qu’il ne faut pas percer mais fréquenter : leur compagnie vous rend meilleur. »
« Non, je préfère me taire : charité chrétienne »
Si vous lisez mes critiques depuis un petit moment (et donc savez mon admiration pour cet auteur de génie), je vais sûrement vous surprendre. Moi, fan inconditionnelle d’Eric-Emmanuel Schmitt, je n’ai pas tellement aimé Madame Pylinkska et le secret de Chopin.
Pour commencer, l’intrigue m’a semblé frôler le déjà-vu. Après une épiphanie survenue dans son enfance lorsqu’il entend sa tante jouer du Chopin, le jeune Eric-Emmanuel Schmitt se prend de passion pour le célèbre compositeur et veut apprendre à le jouer. Quelques années plus tard, alors qu’il étudie à l’École Normale Supérieure à Paris, il n’a toujours pas réussi à se guérir de son obsession et entreprend de suivre des leçons de piano avec une spécialiste de Chopin. Mais la dénommée Madame Pylinska va lui donner bien plus que des cours de musique : elle va lui apprendre l’amour, la beauté et la vie.
Sous la tutelle de l’excentrique (pour ne pas dire légèrement aliénée) Polonaise, le jeune Eric-Emmanuel apprend donc à jouer Chopin comme il se doit. Ce court roman nous propose donc une « lecture » de l’œuvre de ce dernier, mais également d’autres grands compositeurs qui se sont plus ou moins définis par rapport à lui (inspirations, inspirés, collègues ou adversaires…). La musique dans Madame Pylinkska et le secret de Chopin est personnifiée, elle devient un être vivant et un personnage à part entière. Lire ce roman sur fond de musique classique (du Chopin naturellement) est sans doute très cliché, mais fait vivre une expérience assez intense.
Leçons de piano oblige, Madame Pylinkska et le secret de Chopin est un roman d’initiation. Là encore, ça sent un peu le réchauffé. Avec les méthodes particulières de la vieille femme, l’apprentissage de la musique devient pour Eric-Emmanuel Schmitt une initiation à la vie. Il apprend à écouter, à ressentir et à aimer. Cet apprentissage particulier le mène également à l’écriture : Madame Pylinska lui révèle, en guise de dernière leçon, qu’il est voué à devenir un grand artiste, non pas de la musique, mais de la littérature. La genèse de l’écrivain est un motif récurrent de la littérature française. Mais ici malheureusement, l’auteur n’y apporte pas ce petit plus qui lui permet de se différencier des autres.
Revendiqué comme une autofiction, ce roman m’a donné l’impression qu’il était de ces livres trop intimes pour qu’on les partage. Eric-Emmanuel Schmitt retombe en enfance, revit ses jeunes années… De ce fait, j’ai vraiment eu le sentiment qu’il écrivait pour lui seul, pour se souvenir. Certes, la plume qui a fait sa réputation est toujours aussi délicieuse (je m’y suis d’ailleurs accrochée pendant ma lecture comme un naufragé à une bouée), mais le plaisir s’est arrêté là pour moi. Je me suis sentie exclue de ce roman intimiste qui m’a même semblé un peu vide, tant l’auteur n’allait pas jusqu’au bout de ses idées (on passe finalement très rapidement sur les différentes initiations du personnage).
Oui, Madame Pylinkska et le secret de Chopin d’Eric-Emmanuel Schmitt est une belle histoire très bien racontée. Mais il ne va pas vraiment au-delà (le pouvait-il d’ailleurs?). Ce qui m’amène même à me dire que, peut-être, ce tendre souvenir de l’auteur n’était pas destiné à devenir un roman…
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